Beaux livres
Les éditions pour la jeunesse proposent
tant de beaux livres que la catégorie ici, n’en est point une… Voici un choix
pour les fêtes réalisée par les membres animateurs du blog lisezjeunessepg dont
la commission jeune.
Smith Mike, Hennesey Jonathan, Une Histoire de la bière en BD,
dessins d’Aaron McConnell,
Steinkis, 2015, 172 p. 15€
Selon le discours officiel,
« l’abus d’alcool est dangereux pour
la santé », vérité certes, et du coup, le seul discours sur les
produits psychotropes empruntent le chemin de la morale et du civisme. Le
problème, c’est que se trouve mis hors de portée des consciences les relations
étroites tenues par nombre de peuples avec ces produits. Or, la transformation
de fruits de la nature en produits cultuels ou culturels explore l’humanité au
même titre que d’autres mœurs et transformations de la matière par lesquelles
les civilisations se sont forgées. L’ouvrage de Smith, Hennesey et McConnell
traite, sur un grand format et avec érudition de la naissance de la bière au
sein de peuples, des cultes auxquels elle semble s’être rattachée, puis de son
développement. Les procédés techniques qui en gouvernent y sont détaillés, en
accompagnement de son histoire, y replaçant les mythologies afférentes.
L’ouvrage détaille la domestication des levures de bière, l’évolution jusqu’à
aujourd’hui en passant par les temps de la prohibition aux Etats-Unis. En
explorant la place de la bière dans la vie quotidienne et les rites religieux
ou les usages politiques qui en sont faits, les auteurs ouvrent aux esprits la
voie d’un regard critique instruit sur la question d’un des psychotropes les
plus communément bus.
Agard John, Je
m’appelle Livre et je vais vous raconter mon histoire, illustrations
par Neil Packer, Nathan, 2015,
143 p. 13€90
L’écrivain et poète John Agard se
met dans la peau d’un livre qui raconte son histoire. On pourrait résumer
l’ouvrage aux illustrations en noir et blanc stylisées sous la forme d’une
devinette : Qu’est-ce qui, en son commencement, fut minéral ?
Qu’est-ce qui devint végétal ? Puis se transforma en animal ? Et qui,
aujourd’hui est digital ?
Réponse : le livre, bien sûr
qui eut pour support l’argile, puis le
papyrus (byblos) avant de se trouver
sur du parchemin et qui, aujourd’hui, est transporté sur liseuses numériques et
e.book.
Autre devinette : qu’est-ce
qui a commencé tablette et qui retourne aujourd’hui à la tablette, sous
nouvelle forme ?
Le livre d’Agard entre dans le
détail de la tablette (d’argile, heureuse coïncidence des mots), du rouleau, du
codex, de l’imprimerie et de la rotative. Agard conte aussi les grandes étapes
de l’écriture cunéiforme, hiéroglyphique, alphabétique.
Le poète et l’illustratrice content
les mésaventures, les épreuves du feu qui commencèrent en Chine, se
poursuivirent avec les bûchers du Moyen âge, les codex mayas brûlés au XVIème
siècle, les bûchers nazis du XXème siècle, la bibliothèque de Bagdad
ravagée par les flammes en 1991, celle de Sarajevo en 1992…
C’est un livre qu’on feuillette,
qu’on bouquine (clin d’œil à l’écorce du hêtre, boc en ancien anglais devenu book
et bouquin) feuille à feuille (de
palmier en Inde, de mûrier au Japon, de bananier aux Philippines, de papier longtemps
et encore.
Ce livre est un chef d’œuvre tout
autant qu’un beau livre.
Zucchelli-Romer
Claire, Les petits doigts dansent, Milan, 2016, 26 p. 13€90
Des formes simples aux couleurs fluo sont creusées dans chaque page.
L’enfant les suit et figure ainsi des rectangles, des triangles, des cercles,
des sinusoïdes, des traits… Le texte invite à une activité de l’adulte avec
l’enfant et ce n’est d’ailleurs qu’à travers l’activité que le livre prend tout
son sens. L’horizontalité, la verticalité, sont éprouvées, des rythmes se
créent en sautant de forme en forme ou de couleur en couleur. Et toujours ce
texte pour guider l’adulte ou lui suggérer un ordre d’actions à faire faire à
l’enfant sur les doubles pages cartonnées et creusées. Il ne s’agit pas
d’apprendre la géométrie, mais de développer la motricité chez l’enfant. Le
dialogue avec les parents lui permettra de développer aussi son imagination, en
cherchant à voir ce que sont ces formes. En général c’est l’adulte qui initiera
l’enfant à des rapprochements figuratifs avec le réel. C’est une promenade
graphique par le biais sensoriel.
Zucchelli-Romer
Claire, Les petits doigts sur le chemin de l’école, Milan, 2016,
26 p. 13€90
Bâti sur la même conception que
le précédent, ce nouvel ouvrage avec ses formes simples tracées en couleur fluo
sur des aplats de couleurs douces, raconte une historiette qui est aussi un
ensemble articulé de consignes. Si la motricité des doigts et celle de la main
sont requises, c’est pour propédeutique à l’écriture, mais sans aucune
contrainte sans aucun formalisme. L’enfant fait les gestes pour suivre le
chemin de l’école, et ce faisant va droit, parcourt l’espace en boucles, fait
un retour en arrière, monte, descend. Le graphisme épuré du livre laisse libre
cours à l’imaginaire du petit, appuyé sur le texte simple et poétique à la
fois, mais sans verser dans l’image ou la métaphore. C’est à nouveau un
excellent ouvrage.
Mon Grand Imagier sonore illustré par Kiko,
Milan, 2018, 24 p. 19€90
Chaque double page est consacré à
un thème relevant de la vie quotidienne. Les objets et animaux etc. inclus dans la double page, selon
le principe de l’imagier (une image portant en dessous un mot), font l’objet
d’un son que l’enfant actionne en appuyant sur le bouton propre à la double page.
Au final, le livre devient un espace visuel autant que sonore qui ravit les
petits enfants et qui instruit par ces deux sens (vue et ouïe) l’univers de la
désignation du monde environnant. Un bel instrument pour enrichir son langage.
On utilisera l’ouvrage d’abord en accompagnant l’enfant dès 1 an. Plus tard, on
laissera l’enfant seul explorer les doubles pages. Une belle réalisation des
éditions Milan.
Philippe Geneste
Zücher Muriel,
Terriens mode d’emploi, illustrations de Stéphane Nicolet, Casterman, 2017, 64 p.
11€90
Cet ouvrage se présente comme un
roman. Sa lecture porte à le considérer comme une fiction d’anticipation
prenant la forme du documentaire. Des extraterrestres viennent sur terre pour
comprendre les mœurs, croyances et fonctionnements sociaux et économiques des
terriens. Un terrienologue spécialisé dans les passions des créatures
terrestres dresse un guide pour les explorateurs à venir et fait le point des
découvertes scientifiques concernant les terriens : éthologie, psychologie,
habitudes culinaires, les formes de regroupement - famille ou société- etc. Le guide fait aussi l’inventaire
des outils nécessaires pour aller à la découverte de la planète Terre :
droïdes traducteurs, conseils de base pour y vivre, gestes de survie face aux
réactions émotives des terriens etc.
Un ouvrage à lire dès 8/9 ans jusqu’à 11/12 ans voire plus.
Mc Gowan Anthony, J’ai tué le Père Noël, Ridell Chris, Milan, 2018, 80 p.
8€90
Prix modeste pour ce petit livre
à la couverture cartonnée et à la tranche arrondie. L’histoire est facétieuse
autour de la croyance au Père Noël. Les illustrations de Chris Ridell donnent
un charme fantaisiste.
Commission lisez jeunesse