McNaught,
Histoires
de Pebble Island, Dargaud, 2016, 40 p. 12€
Mc Naught… pour un peu il était
naughty ce boy !... Comme dans Saratoga Woods d’Elizabeth George,
l'insularité resserre l'action en un huis-clos tantôt étouffant ou libérateur.
Jon Mc Naught, dans Pebble
Island met en scène un pur moment d'enfance; de ceux que l'on garde au
fond de soi, ne constituant aucune gloire, mais plutôt, le souvenir minuscule
mais marquant, d'une banale étape sur le parcours vers l'âge adulte: le
sacrifice d'un jouet ! Toute la démesure d'Indiana Johns lui même n'est
rien face à l'immense et pragmatique simplicité du quotidien sur Pebble Island
Dominique Brochet
Cet album de
bande dessinée rassemble trois récits graphiques sans parole. Le premier, Zone humide, donne le ton et offre
l’ensemble de l’éventail technique du dessinateur et scénariste. C’est une
histoire d’enfance qui se concentre sur des plans moyens après une série de
gros plans. Puis, peu à peu, le point de vue neutre fait place à des plongées
quand on s’éloigne pour ouvrir le paysage en vue panoramique. On suit un enfant
parti en expédition d’aventure comme s’en invente tous les enfants. Les tons
pastel à la fois donnent une ambiance douce mais aussi étouffante, un
enfermement dans un souvenir dont la gaieté est absente. C’est dans les déchets
de la civilisation laissés sur la plage et sur le sol de la campagne insulaire
qu’opère l’approche non point du drame mais du but de l’expédition enfantine.
Des enfants rejoignent le héros pour une mise à feu d’un dinosaure en plastique
qui finira démembré. Puis nous suivons l’enfant à vélo qui rentre chez lui. Les
quelques cases de plus grand cadre rythment cette pérégrination cet aller
retour qui se laisse lire comme la plénitude d’une journée d’enfant sur une île
sans grand échappatoire.
Le second récit
n’en est pas un. C’est une parodie de prospectus touristique pour Peeble Island. Là aussi, les méfaits de
la pollution, la présence d’une civilisation des déchets s’impose comme
thématique. Pour le lecteur, c’est une manière d’entrer dans l’île où s’est
passé la première fiction et où va se passer la
troisième, Radiodiffusion.
Dans celle-ci,
on plonge dans la solitude d’une soirée d’un habitant qui enregistre Indiana
Jones qui passe à al télévision. Même abondance des plans moyens préparés par
des gros plans, rares cases de grand format, Tous els cadres sont carrés :
point d’échappée possible sur Pebble Island. L’auteur joue avec maestria des
faisceaux d lumière intégrés à la logique du récit qui les impose. Avec le
personnage, on s’attarde à contempler la lune lors d’une pause pour réarmer le
générateur d’énergie.
La monotonie du
cadrage, la permanence des mêmes tons doux, l’art des traits horizontaux ou
verticaux ou obliques, par endroits, s’allient avec l’art du pointillisme pour
donner vie aux cases. Les personnages sont toujours vus sous la forme de
silhouettes, ombres traversant les lieux. Les planches, ainsi, dépeignent la
vie insulaire comme une existence dominée par la vacuité et une lenteur des
faits et gestes qui remplissent les vies, ont pour mission d’en créer la
plénitude. L’auteur on le sait a vécu son enfance ou une partie de celle-ci aux
îles Malouine et cet album pourrait bien être une touche mouchetée de sa
biographie.
Philippe
Geneste