Anachroniques

30/11/2014

L’origine imaginée du pays des vérités

Nkashama Pius Ngandu, Les Cendres du père, L’Harmattan, 2014, 109 p. 11€50
Yannick, un jeune métis, vit à Bruxelles, chez sa tante Elly, dans un cadre monotone et rigide. Un ami de celle-ci, le colonel Schoenen, leur rend souvent visite. C’est un homme à la pensée manichéenne qui veut forger chez Yannick ses principes de haine et dépeint le père du jeune garçon comme un mercenaire barbare. Il serait mort en terre du Congo après s’être rendu coupable de tueries nombreuses, en particulier, le meurtre de la mère de Yannick, une jeune congolaise noire.
Etouffant sous ces sarcasmes et ce racisme, qui le suivent de chez sa tante jusque dans les rues de la ville, Yannick se sent de plus en plus différent. Noël approche. Le « divin enfant Jésus » et son père « le dieu tout puissant des chrétiens » sont célébrés dans une énorme gabegie, un élan dispendieux de religiosité factice. Yannick est seul, ses amis sont partis en classe de neige. L’opacité, qui voile les conditions de sa naissance, le tourmente et l’obsède. Il étouffe chez sa tante ; il ne supporte plus les paroles cruelles du colonel. Contre leur avis il décide de se mettre en quête des cendres de son père et part au Congo.
Dès son arrivée, Yannick rencontre cinq jeunes garçons de son âge. Ils lui racontent la tourmente de leur pays, les populations massacrées, les difficultés de vivre et de s’instruire lorsqu’on ne fait pas partie du « clan des seigneurs » : les nantis. Ses amis ne vont plus à l’école et travaillent comme sculpteurs sur bois, exploités par un patron sans scrupule. Une nuit, protégés par l’obscurité, des militaires dissidents massacrent des villageois, des ouvriers, pillent et dévastent l’entrepôt. Les enfants s’enfuient.
Madiya, l’un des jeunes sculpteurs, aide Yannick à retrouver le village de ses ancêtres. Ils se rendent ainsi sur les rives du lac Makenga que l’on doit respecter sous peine de subir ses sortilèges. Yannick, devenu Nyota Yannick, est accueilli avec chaleur. Il apprend la vérité sur les actes de son père et s’approprie ainsi ses origines. Cette quête dénoue les mensonges qui torturèrent tant son enfance.
En même temps qu’il apprend son histoire personnelle, Nyota Yannick comprend l’histoire de son pays. Il comprend que la haine n’appelle que la haine, et qu’elle nourrit de méandres de sang le cheminement des êtres et des peuples. Il comprend comment la victime y devient bourreau, et combien le travail personnel sur soi doit rencontrer la volonté des peuples à vivre ensemble. Si Les Cendres du père est bien un roman initiatique, le récit de vie de Nyota Yannick épouse la dimension historique de tout un pays. Les blessures individuelles ne sont pas sans lien avec les violences sociales.
Le roman charme par son écriture poétique, certains dialogues s’annoncent comme des contes, certains chapitres se lisent comme des nouvelles dans une belle langue émouvante et pure. Pius Ngandu Nkashama signe une œuvre exigeante aux confins du mysticisme : les origines du sacré sont dépouillées de la religiosité occidentale. Le jeune métis, « qui n’aurait jamais souhaité une naissance artificielle, par un soir d’équinoxe qu’aucun soleil n’aurait illuminé », « là où des pères en plâtre et des mères en porcelaine fabriqueraient des enfants dans des éprouvettes translucides » a choisi sa terre de vie, de résistance.

Annie Mas

23/11/2014

Quand les jouets prennent vie, une invitation nouvelle à un changement de point de vue


Schaapman Karina, Sam et Julia au théâtre, Gallimard Jeunesse /Giboulées, 2012, 65 pages, 15 euros.
La couverture de cet album nous montre un théâtre miniature, aux sièges de velours rouge. Sur la scène, deux souris ouvrent le rideau…
La maison des souris, rassemble beaucoup de familles. Julia y vit seule avec sa mère au sixième étage. Elle visite souvent les familles voisines et fait ainsi nombre de découvertes.
Sam et Julia sont amis, ils jouent ensemble et se complètent bien. Avec Julia qui est très curieuse, Sam ose faire plein de choses. Ils jouent aux billes, cherchent et cachent des trésors, font de la trottinette. Julia aime aller chez Sam. Elle aide la mère de Sam à donner le bain à ses frères et sœurs plus jeunes. Dans cette maison, Julia aime aussi aller chez son ami peintre qui lui fait découvrir son atelier d’artiste plein de couleurs. Elle découvre des coutumes qu’elle ne connaissait pas, comme la fête du sucre que sa voisine Leila et ses deux enfants préparent pour la fin du ramadan. Au théâtre, elle assiste au concert de son ami Sam, joueur de trompette.
Les images de cette histoire sont des photographies d’une maison miniature fabriquée par l’auteur. Le titre Sam et Julia au théâtre pourrait s’appliquer à toutes les aventures de Julia, qui, grâce à ses voisins, vit le théâtre de la vie.

Lemoine Georges, Intrépides petits voyageurs, Gallimard Jeunesse /Giboulées, 2010, 41 pages, 14€50
Pierre a laissé ses jouets dans son armoire depuis une semaine. Se sentant abandonnés, ils décident de lire Le tour du monde en quatre vingt jours. A la fin de la lecture, les jouets de Pierre veulent se lancer dans un grand et long voyage.
A bord de l’automobile de Firmin, l’acrobate, l’ours en peluche, Colombine et Marcel le marin ouvrent la porte de l’armoire et sortent dans la nuit. Les petites bêtes du monde comme le crapaud, le mulot, la poule, la sauterelle et la chenille leur semblent énormes et monstrueuses. Pour amuser les deux chats de la maison, Colombine et l’acrobate jouent un spectacle. Les flaques d’eau leur paraissent des lacs, une averse un déluge. Deux enfants les aperçoivent, les ramassent et en prennent soin. Depuis, les petits voyageurs sont devenus leurs jouets pour le bonheur de tous.
La couverture nous annonce le ton : un dessin à la mine de plomb sur papier crée un univers en valeurs de gris où le grain du papier est mis en valeur. Cette technique utilise une mine constituée de graphite (charbon porté à très forte température). Elle permet de dessiner de grandes surfaces avec le plat de la mine et d’obtenir un aspect argenté. A la fin de l’histoire, page 35, les jouets prennent une apparence un peu différente : le gris est légèrement coloré de rose pâle, de jaune et de marron. Employée tout au long du livre, cette technique laisse peut être de côté la dimension extraordinaire et joyeuse du voyage.

Ces deux ouvrages proposent un changement de point de vue. A la place du jouet, simple objet de consommation jetable et n’ayant pour fonction que de satisfaire un désir d’enfant ou encore d’être un artefact de la relation entre des personnes, les deux albums proposent à l’enfant de changer son point de vue sur l’objet. L’objet n’est pas simple jouet, l’enfant le fait jouer. Alors les deux ouvrages proposent à l’enfant d’y faire attention c’est-à-dire de faire attention à lui-même manipulant l’objet. S’il y a une vie des objets, c’est parce qu’il y a une vie évolutive de la relation de l’enfant avec eux. Voilà comment, derrière de simples histoires s’immiscent une interrogation sur la relation au monde. Mais n’est-ce pas une des raisons d’être du récit en général ?

Laurence Druméa

16/11/2014

la littérature par la jeunesse

Collectif collège Edouard Vaillant, Gennevilliers, Imaginaires, L’Harmattan, 2014, 120 p. 13€50
Le livre est l’aboutissement d’ateliers d’écriture menés avec deux classes de quatrième en 2013. Le volume est divisé e deux parties inégales : « Vous avez dit poésie », la plus longue, et « Sakura, fleur de poésie ». L’exploration de thèmes préalablement portée par une recherche de vocabulaire et de sens, unit la première partie qui a bénéficiée de la venue de la poétesse Danièle Corre, d’une correspondance avec Michel Cosem et d’un échange avec le poète Jacques Canut auteur de Carnet confidentiel lu en classe. Le choix de mettre en scène la poésie renoue avec le dialogue ce qui est une intelligente manière de permettre aux élèves de se donner à la poésie. Le mélange des formes, prose et poésie, montre aussi combien le maniement du langage doit précéder le choix du genre. Dans le chapitre Lettres d’amour on ressent le tâtonnement dans la forme générale de l’écrit, mais, peut-être à tort d’ailleurs, nous pensons que c’est un signe révélateur du processus création. Il est appréciable que l’ouvrage laisse apercevoir ce travail d’écriture des jeunes scripteurs et scriptrices. Si certains poèmes laissent percer les mécanismes de l’atelier sous-jacent, des fulgurances emportent l’intérêt :
« J’irai jusqu’au bout du monde
Où tout me paraîtra tellement étonnant
Comme ce voyage de papier » (Farah)
Ou encore
« A ce moment-là j’étais dans un rêve
(…)
Un escalier de pamplemousse
Au goût acidulé
Je quittai mon enfance » (Radja)

La seconde partie du livre, semble plus retirée dans l’imaginaire poétique, même si les règles de l’atelier d’écriture sont prégnantes. D’éclipse étoilée en e :
« Un voyage qui changea ma vie entière
Voyage et avenir de demain
Hélas un rêve » (Clairejenia)

« Une destination, une arrivée » (Sana) voilà qui définit parfaitement cet ouvrage écrit par des jeunes et qui nous raconte leur présence en notre monde, en leur monde, qui souffle des espoirs, énonce des craintes, rappelle la violence, appelle des tendresses, évoque des préjugés qu’il combat avec des mots sortis du secret (Ricardo). Les auteurEs d’Imaginaires montrent combien l’idéologie des droits de l’homme, celle du civisme et du respect contraint des élans sur la tolérance, sur la différence, combien elles freinent la confrontation et le dialogue et donc l’esprit critique. La « démarche citoyenne » embrume les mots et fait écran à la libre parole. Mais c’est un intérêt supplémentaire du volume que de mettre les lecteurs et lectrices face à cette pensée sociale en gestation confrontée à un ordre de pensée dominant et qui domine.
Les élèves nous disent aussi, et on ne l’attendait pas nécessairement de manière si prégnante, que chacunE d’entre nous porte un passé
« Je nage dans l’eau
L’eau du passé,
Celui-ci me rattrape à la nage » (Mehdi)
« Je me rappelle les jours givrés
Où on s’amusait
Pour oublier notre passé » (Selma et Soukeina)

C’est ainsi un discours sur la condition humaine qui nous est, par bribes poétiques, proposé :
« Il faut partir
Et désirer
Retrouver le secret » (Ricardo)
« Jamais les couleurs n’arrivent sur les collines
Elles entament la lumière » (Loubna)
Entre en échos, ici, insciemment sûrement, la prose poétique d’Harry Martinson, mais c’est la preuve, une fois de plus, qu’il faut entendre ce que les jeunes ont à dire et pour les entendre, les écouter ou mieux encore les lire. C’est cela que permet le travail pédagogique de Ludmilla Fermé-Podkosova, la professeure de français de ces deux classes, avec la poésie comme « abécédaire quotidien ». 
Philippe Geneste

Miettes bibliographiques en poésie pour la jeunesse

Poèmes de Henri Michaux choisis et présentés par Camille Weil, Gallimard jeunesse, collection Folio Junior, 2012, 96 p. 5€10
Un recueil introductif accessible aux enfants dès 12 ans, bien structuré par Camille Weil. L’illustrateur Jochen Gerner a choisi une illustration qui relève de l'art incohérent, au sens où elle se trouve en décalage avec le texte de Michaux.
Poèmes d’Arthur Rimbaud choisis et présentés par Camille Weil, Gallimard jeunesse, collection Folio Junior, 2012, 96 p. 5€10
Bien sûr, à traverser l’œuvre de Rimbaud, on ne présente pas une interprétation contemporaine de l’œuvre. Ceci n’est pas un reproche, mais un regret qui vient de ce qu’une collection patrimoniale en poésie n’ose pas faire le pas de la contemporanéité. Ceci n’enlève rien à la bonne introduction à l’œuvre que propose ce volume accessible dès 12 ans. L’illustrateur, Jean-François Martin a choisi des illustrations en noir, nettement définies dans leur contour et présentant un aspect surréaliste
Marcella, Le Paris des kids, illustrations de Pépée, éditions Les Carnets du Dessert de Lune, 2014, 32 p. 8€
Les textes courts, souvent des haïkus, s’approchent plutôt de l’exercice de style joyeux, gourmand que de l’œuvre sur Paris. C’est un peu la déception de ce petit volume que l’excellence du graphisme et du design du livre ne peut compenser entièrement.
Philippe Geneste



02/11/2014

Du « bourdon farouche de cent sales mouches » (Rimbaud)

Guy Jimenes, Harcèlement, Oskar éditeur, 2011,239 p.
La loi du 17 juin 1998 ; toujours en vigueur, se prononce pour la reconnaissance du droit de chaque élève à la dignité et au respect (1). Comme le confirme le règlement intérieur de 2014 d’un collège en France : « les violences verbales, la dégradation des biens personnels, les brimades… les violences physiques, le bizutage, le racket,  le harcèlement … » doivent être sanctionnés. C’est pourtant en toute impunité qu’un collégien, nommé Bastien, avec la complicité parfois passive de ses congénères, va humilier, martyriser un nouveau venu, Valentin, et cela depuis la rentrée des classes jusqu’au mois de mai, en récréation, en cours, dans les toilettes, comme à l’extérieur d’un collège ordinaire. Ce sont des actes quotidiens, non exceptionnels, d’atteinte à la dignité de la personne par des pairs. Tel est le contexte d’un récit nourri par l’expérience des institutions éducatives de l’enseignement secondaire.
Le roman s’ouvre deux ans après les faits.
Les adolescents viennent tour à tour, et de leur plein gré, expliquer à un psychologue leur propre version de ce qui s’est passé. Cette polyphonie de la relation des faits ouvre le spectre de la compréhension et de l’ancrage des ressorts de la loi du silence qui les a autorisés. Ainsi vient Bastien, plein d’arrogance et d’hypocrisie, Alice si belle et si décevante, des adultes aussi, le principal, certains professeurs tout mielleux déconfits devant leur aveuglement, non volontaire, bien sûr. Et enfin, vient Barbara, élève de la classe, qui, de plus en plus écœurée par les violences qu’a subies Valentin, va, après une longue nuit de sa conscience, briser la dictature du non-dit, et œuvrer à le rendre dicible. Elle a libéré Valentin de sa solitude douloureuse, non choisie, qui le vouait à la meute, elle est devenue son amie.
Les phrases de la jeune fille sont belles, sans réplique. Elle signifie, ainsi, page 133, la pression morale et sociale usante, qui pesait sur Valentin, durant ces longs mois :
« Toute la classe savait,  et personne n’a rien dit ».
Lorsque Valentin lui demande pourquoi il fut choisi comme souffre douleur, elle répond : « c’est parce que tu étais le plus fort »,
Mais qu’exprime donc cette force, alors que le harcelé subi un processus inexorable d’exclusion qui l’amoindri toujours plus aux yeux des autres et de lui-même ? N’est-ce pas, ici, celle de la douceur et de la fantaisie que le père de Valentin, musicien de blues, lui a transmises, et qui fait de lui l’ennemi de Bastien, fils d’une bourgeoisie sûre d’elle et jamais sujette à critique ? Ce qui n’est pas sans rappeler que dans le harcèlement, il s’agit d’éliminer ceux et celles qui ne se conforment pas. Le roman introduit ainsi, sans effraction narrative, la dimension sociale qui préside à tout harcèlement en milieu scolaire, comme ailleurs. En effet, comment briser la loi du silence ? L’attitude des camarades de classe rappelle que cette loi ne s’instaure que parce qu’elle peut s’appuyer sur l’idéologie dominante de l’institution ; l’institution, qui par la lenteur de ses réactions, la non inscription d’une coopération régissant les relations humaines de l’ensemble de ses membres, offre, ne serait-ce qu’à son insu, les gages d’installation à la loi des harceleurs. L’expérience scolaire devient alors, une école de la soumission, une voix supérieure de la conformation sociale régissant l’ensemble des comportements. Les pratiques dégradantes, humiliantes des harceleurs à l’encontre de Valentin se mènent dans l’étroitesse du règne de la loi du plus fort, certes, et celle de la compétition à laquelle il est exigé du héros de s’y fondre, d’y disparaître.
Retrouvant confiance en lui grâce à l’amitié de Barbara, c’est pourtant dans la force d’un coup de tête tout bête que Valentin assène à Bastien, que se termine sa tourmente. Bastien a trouvé son maître et par orgueil ne dira rien. Comme les parents de Valentin ne portent pas plainte, et comme Bastien bénéficie de sa verve et de son aura de bon élève, rien ne se passera, aucune réflexion collective publique –en dehors d’une discussion informelle entre Bastien et le principal-. La loi du silence triomphe donc, et Valentin, pour échapper à cette tourbe part dans un autre collège, où il rejoint Barbara.
La lecture de ce beau roman laisse beaucoup d’émotions, des questionnements sur la cruauté humaine, sur les mécanismes de la soumission sociale et sur les lois psychologiques de l’inertie qu’elle provoque. Le livre donne une des solutions centrales à la question du harcèlement : non pas le taire, le maintenir dans les cadres resserrés d’un règlement institutionnel, mais au contraire, en faire paroles, et en partager les ressorts. En effet, Valentin transfigure ses blessures en une œuvre émouvante, le livre que nous lisons. Écoutons Barbara l’encourager :
« Fonce ! et ne te pose plus de questions.
Écris, maintenant, écris-le ton livre ! ».
Ne rien dire, ne pas voir, ne pas le vouloir  ni le comprendre, ainsi commence les complicités face à la barbarie. Quels exemples donnent nos sociétés, riches de leurs armes et du pouvoir de l’argent, arrogantes et criminelles, à nos enfants, tout cela mêlé à une idéologie de la compétition, à une morale hypocrite et aveugle. Barbara dit aussi :
« Nous n’étions que des enfants ».
Où étaient les adultes, et quel plaisir narcissique, commercial, déclare d’évidence que les enfants, les préadolescents, sont « plus mûrs », « plus éveillés », « plus autonomes » ? Au fond, ne s’agit-il pas plutôt, hypocrisie suprême, et démission sociale avérée, de leur voler ainsi un peu plus de leur enfance au nom même de celle-ci ? Le harcèlement à l’école comme marqueur d’une démission éthique concernant la condition humaine (2) ?
Annie Mas
(1) Bulletin Officiel de l’éducation nationale n°31 du 9 septembre 1999
(2) Hervé Barreau (sous la direction de), Les Conditions de l’humain : temps, langue, éthique et mal. Autour de l’œuvre d’André Jacob, Paris, Armand Colin, collection Recherches, 2013, 399 p.