Anachroniques

25/11/2012

Du livre animé au pop-up, ou de la lecture enchantée

La France est désormais le pays où le livre pop-up est le plus développé chez les éditeurs (1). Le mot pop-up apparaît en 1930 dans la bouche de l’américain Harold Lentz. L’impérialisme américain aidant, le mot a remplacé le groupe nominal livre animé qui, pourtant dit mieux de quoi il s’agit. Dans les années 1950/1960, la Tchécoslovaquie avec l’œuvre de Vojteh Kubasta est pionnière –si on excepte les livres de la fin du Moyen âge où on peut trouver l’origine même du livre animé. Mais c’est aux USA que va se développer une école d’ingénierie du papier dont sortiront David Carter, Robert Sabuda. Les éditeurs français vont alors s’intéresser au secteur. En 2002, se tient la première exposition française consacrée au genre.
Avec le livre animé, le terme de volume pour désigner un livre prend tout son sens et l’enfant le saisit tout de suite. Le livre animé met l’accent sur la matérialité du livre. C’est une dimension spécifique de la lecture que l’écran est incapable d’intégrer. Il rappelle, aussi, que la lecture est une manipulation de textes imprimés. Dans le magazine M que nous citions, Lo Monaco se plaignait qu’il n’existât point d’imprimeurs en France pour ces ouvrages, qui nécessitent des heures de pliage, des centaines de points de colle. Ils sont tous imprimés en Asie et il semble qu’aucun collectif d’imprimeurs n’ait pu se constituer en France pour cet ouvrage d’art.
(1) Voir M Le magazine du Monde, 3/12/2011 pp.74-76
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Tamarkin Annette, Grand-Petit, Gallimard jeunesse – Giboulées, 2012, 22 p. 15€70
Ce livre pop-up, livre animé, a pour but d’apprendre aux enfants à différencier le grand du petit. Conçu par double page, il présente des scènes qui se renversent dans la double page suivante : ici, un oiseau géant tient un œuf minuscule, la double page suivante, l’oiseau a disparu, on ne voit plus que l’œuf géant.
Tous les dessins sont extrêmement stylisés, si bien qu’il n’est pas si facile que cela d’identifier les animaux et les objets présentés. Sous prétexte d’image, la littérature de jeunesse livre comme évidence ce qui ne l’est pas nécessairement. C’est donc le commentaire de l’adulte lisant le livre avec l’enfant qui donne son intérêt au livre en lui garantissant une pertinence de lecture. Laissé seul face aux images, l’enfant serait perdu et le livre ne serait qu’un écran aux alouettes, si on veut bien accepter cette image.

Tamarkin Annette, Oh les bébés !, Gallimard-jeunesse, - Giboulées, 2012, 22 p ; 15€70
Un cœur, un rond, une fleur, un nounours, ce sont les motifs qui se dessinent sur les doubles pages en pop up représentant un bébé en pleine joie, un bébé noir, un bébé blanc, un bébé déguisé, habillé, jamais tout nu, et qui saute, tend les bras pour quoi ? Un câlin ? Un bisou ? Pour être transporté dans les airs, dans les bras ? C’est un livre joyeux, gai, dont les couleurs illuminent le regard, suscitent le rire, le sourire, invitent à l’historiette que se plaira papa ou maman à raconter, à susciter ?

Corazzini Nadia, Caiti Giampiero, Popcol tome 1 Mimiques comiques, Casterman, 2011, 16 p. 8€95 ; Corazzini Nadia, Caiti Giampiero, Popcol tome 2 Jolis monstres, Casterman, 2011, 16 p. 8€95 ; Corazzini Nadia, Caiti Giampiero, Popcol tome 3 Animaux dingos, Casterman, 2011, 16 p. 8€95 ;
C’est une collection nouvelle de pop-ups interactifs à composer soi-même grâce à des planches de gommettes autocollantes repositionnables. Ces gommettes représentent des nez, des bouches, des accessoires, des symboles amusants, des yeux. Les volumes simples des pop-ups correspondent bien à l’âge visé : 3 ans. Le déplacement des gommettes permet aux enfants de recomposer à l’infini les visages et s’en amuser, du réalisme au fantastique, de la vache à l’extraterrestre, c’est une large gamme de figures à fabriquer qui s’offre aux enfants.

Dieterlé Nathalie, Grosse peur, illustrations Patricia Berreby, Casterman, collection Drôles de têtes 2012, 12 p. 12€50 ; Dieterlé Nathalie, Fais pas cette tête !, illustrations Patricia Berreby, Casterman, collection Drôles de têtes, 2012, 12 p. 12€50
Il s’agit d’un livre pop-up gai, aux couleurs vives, que l’enfant peut porter grâce à une poignée. On a particulièrement apprécié Fais pas cette tête ! qui repose sur des onomatopées ce qui sied parfaitement aux images. Grosse peur met en scène des monstres et des sorcières, bref, la peur.

Pennac Daniel, Les Dix Droits du lecteur, pop-up de Gérard Lo Monaco, Gallimard jeunesse, 2012, 40 p. 19€90
La liste imprescriptible des droits du lecteur et de a lectrice, que l’on doit à Daniel Pennac, se trouve réactualisée par l’interprétation en pop-up de Gérard Lo Monaco. Ce designer papier, décorateur au théâtre, marionnettiste, graphiste et même éditeur, a choisi d’abord la couleur et un graphisme enfantin aux motifs eux aussi enfantins pour évoquer des œuvres patrimoniales de la littérature mondiale. Au droit de ne pas lire, Lo Monaco oppose le droit de jouer ; au droit de sauter des pages l’évocation de contes ; au droit de ne pas finir un livre Robinson Crusoé de Defoe ; au droit de relire, Le livre de la jungle de Kipling ; au droit de lire n’importe quoi, Shakespeare, Goethe, le théâtre en général ; au droit au bovarysme, des histoires animalières ; au droit de lire n’importe où, l’univers de la fête foraine à moins que ce soit Pierrot mon ami de Queneau ; au droit de grappiller, l’art du cirque ; au droit de lire à haute voix, Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne, au droit de se taire, rien. Cette énumération suffit à montrer qu’il n’y a pas de correspondance à proprement dit et que l’interprétation de Lo Monaco n’aidera guère le lecteur. On est dans une fonction d’illustration divertissante sans propos particulier. C’est un peu dommage, car la facture éditoriale est attirante, le livre objet tentant à saisir.
Geneste Philippe

18/11/2012

Contes des animaux en voyage




Morel Fabienne et bizouerne Gilles, Les Histoires des musiciens de Brême racontées dans le monde, Saillard Rémi, Syros, collection Le tour du monde d’un conte des petits, 201263 p. 15€

Quatre histoires d’animaux en voyage sont racontées, l’une d’Allemagne, celle qui est la plus connue, probablement parce qu’elle a bénéficié d’une diffusion écrite avec les frères Grimm, l’autre de France (Ariège), une de Chine et la dernière du Maroc.
Dans sa très précieuse postface, Josiane Bru explique que ces contes relèvent d’un même motif : des animaux sont en déplacement. Ils cherchent alors un refuge où passer la nuit. Le voyage et le séjour nocturne sont ainsi une constante à travers les quatre versions proposées. Ils nous racontent, non sans cruauté la vengeance des faibles sur les forts ou bien font l’apologie de la ruse. La spécificité reste toutefois qu’il n’y a pas qu’un seul personnage héros, mais un groupe de personnages. En cela, le recueil Les Histoires des musiciens de Brême peut être lu comme un recueil de contes sur la solidarité. C’est la version allemande et la version chinoise, La Terrible Manguse, qui vont le plus loin sur ce thème.
Se raccroche à la solidarité, le thème de la liberté : les animaux souvent partent pour échapper à de mauvais traitements et jouir de la liberté. Mais la vie leur apprend que la liberté ne s’exerce pas en solitaire, qu’elle a besoin de la solidarité pour advenir et se réaliser. C’est pour cela, sûrement que dans trois des contes, ici réunis, il n’y a aucune hiérarchie entre les animaux en fugue. C’est d’ailleurs un autre thème : si les protagonistes fuient, très vite, ils s’organisent et leur périple devient un voyage.
Il y aurait sûrement à s’interroger sur l’installation finale. Dans Les musiciens de Brême, les quatre compères s’approprient la maison des voleurs où ils mènent désormais une vie libérée : « ils dansent, ils chantent, ils rient. Ensemble, ils jouent jusque tard dans la nuit ». Dans La Terrible Manguse, les sept compères apportent leur aide à la « petite mamie » qui, en échange leur offre des crêpes. Mais après, la mamie et les sept protagonistes vivent ensemble sous le même toit. Dans Les neufs loups (Ariège), le chat et le mouton ont expulsé les ogres loups de leur repaire pour en prendre possession. Dans ce conte, la seule raison du voyage commun est la conquête d’un lieu de vie au détriment de quelqu’un. Dans Le mouton, le lévrier, l’âne et le poulet (Maroc), les héros fuient la maltraitance puis se défendent contre les prédateurs qu’ils tuent si la nécessité l’oblige. Eux ne sont pas motivés par l’accaparement d’un lieu. Mais leur action va entraîner la solidarité des hommes d’un caravansérail auxquels ils vont se joindre : la liberté continue conquise par la solidarité.
Au fond, Les Histoires des musiciens de Brême raconte la conquête de la liberté par les exploités usant de l’appropriation de leurs vies par l’expropriation des nantis et des exploiteurs.

Geneste Philippe

11/11/2012

Le chant d’amour et de révolte contre l’oppression

Guignard Rose-Esther, Tézin, le poisson amoureux, illustrations de Robin Grolleau, bilingue français / créole (Haïti), L’Harmattan, 2012, 24 p. 7€50
Ce conte d’Haïti raconté par Rose-Esther Guignard, est un chef d’œuvre de sensibilité. L’histoire est simple : Mélina, une jeune fille de corvée d’eau fait tomber sa bague, don de sa grand-mère, « au plus profond de la rivière, là où les yeux ne peuvent plus rien voir ». Elle pleure. Un poisson « étincelant de mille couleurs », s’approche du rivage et va rechercher la bague, puis, prend la calebasse pour la remplir de l’eau la plus pure, celle qui court au plus profond, là où les yeux ne peuvent plus rien voir. Il s’appelle Tézin. On y reconnaît la force sacrée de l’abîme autant que le symbole de la fécondité et de la sagesse puisque, retrouvant la bague, il permet à Mélina d’assumer sa filiation et ainsi de garder ouverte la possibilité de la perpétuer. On ne peut toutefois s’arrêter à cette seule interprétation. En effet, le poisson est ici, aussi, une figure de l’enfance, longtemps considérée comme un non-sujet pour la société, qui cherche à devenir sujet dans le monde et qui, pour cela, noue conversation avec Mélina et partage avec elle l’espérance d’un accès à l’air libre du monde.
Mais l’histoire d’amour qui naît va être contrariée par la jalousie du frère de la jeune fille. Celui-ci, qui ne trouve que de l’eau trouble lorsque ses parents lui confient la corvée d’eau, va épier sa sœur et découvrir son secret. Ecoutons le récit de la jeune fille :
« Sitôt arrivée, je me suis penchée vers la rivière et je me suis mise à chanter de ma plus belle voix. L’eau s’est agitée, elle a tourbillonné et, du tourbillon, le merveilleux Tézin a surgi. Ses écailles brillaient au soleil et des milliers d’étoiles parsemaient son corps. J’ai retroussé ma jupe et j’ai pénétré dans l’eau. Le poisson m’a embrassée longuement, je l’ai cajolé et nous avons chuchoté des secrets. Puis, Tézin s’est emparé de la calebasse, il a plongé dans la rivière, il est remonté à la surface pour me la tendre ».
Tézin est averti de la présence de Mélina par un chant (« Tezen, mon ami mwen, Zen / Tezen nan dlo / Mon ami mwen, Zen »). Si le poisson parle, en revanche, c’est par les tâches de sang qui apparaîtront sur le sein gauche de Mélina qu’il l’avertira d’un danger. Car il connaît le danger que représente la convoitise des pêcheurs.
Le père, guidé par le frère imitant le chant de la comptine mélodieuse de Mélina au bord de la rivière, va tuer le poisson de son couteau. La jeune fille, alors envoyée au marché pour vendre des fruits et des légumes, va sentir son sein se perler de trois gouttes de sangs. Elle comprend alors qu’un malheur est arrivé. Elle court chez elle et là, voit ses parents et son frère attablés, dégustant du poisson et l’invitant à venir déglutir son amoureux. Mélina va s’enfuir à l’écart des siens. Elle s’interdit de consacrer la mort de ce qui l’a faite naître à elle-même. Ses larmes vont inonder la terre, qui va peu à peu l’engloutir. La dernière image est un paysage sombre où coule l’eau pure d’une rivière souterraine baignée par le reflet de la lune : « A jamais j’ai pénétré dans le ventre de la montagne pour rejoindre Tézin, mon amoureux, le Prince des eaux douces ».

            Raconté à la première personne, le conte prend une coloration de confidence intime qui renforce la sensualité du récit. On repère aisément l’intertextualité des légendes du moyen âge, le rouge du sang sur le blanc qui apparaît comme par magie ; on repère aussi le thème inversé des ondines et la symbolique du poisson que l’on pourrait, ici interroger. Ce n’est pas un héros faible, mais sensible, c’est un poète qui aime le chant, il est généreux. Son sentiment amoureux lui permet de vivre grâce au sentiment réciproque de Mélina. C’est ensemble qu’ils s’accomplissent, donc, d’où leurs retrouvailles tragiques au royaume de la douceur. L’amour est dépeint comme une fuite, et les valeurs des amants magnifiques s’opposent du tout au tout à l’avidité des hommes (mère, père, frère).
Ici, pas de sorcier, pas de sortilège, pas de métamorphose : le monde est tel, comme à l’aube de l’humanité, la connaissance s’y construit par le dialogue entre les éléments, par une connivence de l’homme et de la nature qui parlent encore un même langage. La fin dysphorique du conte déplairait à Bettelheim. Mais il marque pourtant une problématique rigoureuse où l’espoir naît là où il y a refus de l’accommodation aux modes établis : le passage d’un monde à l’autre s’opère sans solution de continuité, c’est-à-dire que c’est insensiblement que Mélina rejoint le monde des profondeurs où l’eau et la terre s’épousent. La figure de la lune intégrée par Robin Grolleau est là pour figurer une victoire de la fécondité sur la consommation mortifère. Les symboles de l’homme et de la femme sont eux-mêmes interchangeables si on suit l’attribution des termes des champs lexicaux de l’amour. Ainsi, le conte réussit à parler de l’amour sans passer par les fourches caudines des stéréotypies de genre où renaît toujours le thème de la domination. Et c’est l’amour qui peut permettre la réalisation de ce grand rêve humain d’une harmonie hors hiérarchie entre les êtres.
Enfin, il faudrait s’interroger sur le rôle du langage dans Tézin, le poisson amoureux. Seul le langage secret, chuchoté, murmuré, ou chanté mais contenant une clé d’interprétation (donc secret), bref, seul le langage vécu dans son intimité linguistique propre a valeur de lien, est en mesure de faire se correspondre des êtres, d’assurer les correspondances entre ce qui est séparé. L’autre langage, le langage social, celui par lequel on apporte le réel (le frère rapporte à ses parents), le langage de la communication est négatif. Le langage vaut par sa charge émotive, par ce qu’il ouvre en actes de vie. Il ne vaut pas par sa dimension de normes, d’arbitraire social. L’usage du langage ne doit jamais perdre de vue sa motivation. C’est elle qui constitue l’énergétique des conduites verbales. Le conte le montre et il montre, aussi, que la connaissance –connaissance de soi, ici, découverte de l’amour- donc la compréhension du monde, de l’autre, élargit le champ d’exploration de la motivation. L’affectif et le cognitif sont à la fois inséparables l’un de l’autre et irréductibles l’un à l’autre. La fin dysphorique du conte souligne l’échec de cette unité dans une société de la convoitise, mais il ouvre à la révolte contre l’oppression en intégrant le chant d’amour au plus profond de la terre où court la rivière, là où les yeux ne peuvent plus rien voir : écouter attentivement pour comprendre et s’ouvrir au monde.
Geneste Philippe

04/11/2012

Attrape le dernier nuage !

BINET Juliette, Un Courant d’air, éditions Le Rouergue, 2012, 14 p. accordéon 3 mètres, 17€
                De 4 à 144 ans
Après L’Horizon facétieux paru en 2011 chez Gallimard, Juliette Binet explore le monde impalpable de l’air. Avec la toujours même délicatesse, le livre ne se délie pas en horizon mais, au contraire, pour former un cercle, l’image finale devant être rattachée à l’image prime qui ouvre le livre objet. Car, c’est le dessin qui fait du livre un livre objet, sans parole, sans écriture. Les variations du noir et du blanc et du gris renvoient à la même source : une petite fille souffle dans un instrument à vent imaginaire. Alors, l’histoire va suivre le périple du vent qui se lit à travers les conséquences visibles provoquées par son passage. A la neuvième page, l’éléphant projette de l’eau avec sa trompe et les dessins se muent en traits démultipliés, permettant de passer surréalistiquement de l’air à l’eau. Apparaissent alors des poissons puis, l’eau devient vapeur et les nuages se forment qu’attrape un personnage qu’on croyait assis devant l’instrumentiste, à même la terre, mais qui, en fait, volait. Socle terrestre incertain du départ, puis air et eau, voici le livre de trois éléments du monde, ceux d’une certaine douceur si on suit l’histoire, puisque la violence du vent qui a déchainé les vagues de l’océan, s’apaise dans la féérie des nuages poussés par lui.
Par le trait, Juliette Binet recrée des correspondances improbables par lesquelles s’organisent nos représentations. Comme dans L’Horizon facétieux c’est au jeune lecteur de faire sa lecture, de composer son histoire. A l’instar du personnage final qui agrippe le dernier nuage, il va accrocher un sens à la suite des traits et dessins en noir, blanc et gris.
Mais il y a bien histoire. La structure en accordéon permet de visualiser naturellement les séquences du récit. Il faut insister sur la première séquence. Le fond est blanc ; en face de deux pieds et jambes d’un personnage perdu dans le hors-champ gauche, qu’on imagine regarder l’enfant dessinée, qui souffle dans un improbable cor. Et ce cor occupe l’espace par ses spirales et traits comme une calligraphie. Le récit est lancé : comme le trait qui s’évase en pavillon du cor, la calligraphie ouvre à une écriture nécessairement accrochée à une fable. Le motif est répété aux deux tiers du livre, lorsque l’éléphant relance l’histoire. C’est sa trompe qui va orienter le voyage du vent et de la terre balayée vers l’eau et l’air. Telle une clarinette, sa trompe lance dans l’espace à fond blanc, des portées musicales enchevêtrées où se prolonge la fable et l’unité des éléments primordiaux de la vie.
Alors que l’histoire narrée par écrit pré-dit, la fable graphique invite le lecteur à demeurer réceptif à ce qui arrive pour laisser naître des possibilités. La supériorité du récit graphique est qu’il n’a pas besoin de donner une clé : c’est le lecteur qui ouvre la porte de l’interprétation de cette narration silencieuse. Un Courant d’air est un chef d’œuvre de poésie, un album pour tous et toutes.
Geneste Philippe