Avec le livre animé, le terme de volume pour désigner un livre prend tout son sens et l’enfant le saisit tout de suite. Le livre animé met l’accent sur la matérialité du livre. C’est une dimension spécifique de la lecture que l’écran est incapable d’intégrer. Il rappelle, aussi, que la lecture est une manipulation de textes imprimés. Dans le magazine M que nous citions, Lo Monaco se plaignait qu’il n’existât point d’imprimeurs en France pour ces ouvrages, qui nécessitent des heures de pliage, des centaines de points de colle. Ils sont tous imprimés en Asie et il semble qu’aucun collectif d’imprimeurs n’ait pu se constituer en France pour cet ouvrage d’art.
(1) Voir M Le magazine du Monde, 3/12/2011 pp.74-76
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Tamarkin Annette, Grand-Petit, Gallimard jeunesse – Giboulées, 2012, 22 p. 15€70
Ce livre pop-up, livre animé, a pour but d’apprendre aux enfants à différencier le grand du petit. Conçu par double page, il présente des scènes qui se renversent dans la double page suivante : ici, un oiseau géant tient un œuf minuscule, la double page suivante, l’oiseau a disparu, on ne voit plus que l’œuf géant.
Tous les dessins sont extrêmement stylisés, si bien qu’il n’est pas si facile que cela d’identifier les animaux et les objets présentés. Sous prétexte d’image, la littérature de jeunesse livre comme évidence ce qui ne l’est pas nécessairement. C’est donc le commentaire de l’adulte lisant le livre avec l’enfant qui donne son intérêt au livre en lui garantissant une pertinence de lecture. Laissé seul face aux images, l’enfant serait perdu et le livre ne serait qu’un écran aux alouettes, si on veut bien accepter cette image.
Tamarkin Annette, Oh les bébés !, Gallimard-jeunesse, - Giboulées, 2012, 22 p ; 15€70
Un cœur, un rond, une fleur, un nounours, ce sont les motifs qui se dessinent sur les doubles pages en pop up représentant un bébé en pleine joie, un bébé noir, un bébé blanc, un bébé déguisé, habillé, jamais tout nu, et qui saute, tend les bras pour quoi ? Un câlin ? Un bisou ? Pour être transporté dans les airs, dans les bras ? C’est un livre joyeux, gai, dont les couleurs illuminent le regard, suscitent le rire, le sourire, invitent à l’historiette que se plaira papa ou maman à raconter, à susciter ?
Corazzini Nadia, Caiti Giampiero, Popcol tome 1 Mimiques comiques, Casterman, 2011, 16 p. 8€95 ; Corazzini Nadia, Caiti Giampiero, Popcol tome 2 Jolis monstres, Casterman, 2011, 16 p. 8€95 ; Corazzini Nadia, Caiti Giampiero, Popcol tome 3 Animaux dingos, Casterman, 2011, 16 p. 8€95 ;
C’est une collection nouvelle de pop-ups interactifs à composer soi-même grâce à des planches de gommettes autocollantes repositionnables. Ces gommettes représentent des nez, des bouches, des accessoires, des symboles amusants, des yeux. Les volumes simples des pop-ups correspondent bien à l’âge visé : 3 ans. Le déplacement des gommettes permet aux enfants de recomposer à l’infini les visages et s’en amuser, du réalisme au fantastique, de la vache à l’extraterrestre, c’est une large gamme de figures à fabriquer qui s’offre aux enfants.
Dieterlé Nathalie, Grosse peur, illustrations Patricia Berreby, Casterman, collection Drôles de têtes 2012, 12 p. 12€50 ; Dieterlé Nathalie, Fais pas cette tête !, illustrations Patricia Berreby, Casterman, collection Drôles de têtes, 2012, 12 p. 12€50
Il s’agit d’un livre pop-up gai, aux couleurs vives, que l’enfant peut porter grâce à une poignée. On a particulièrement apprécié Fais pas cette tête ! qui repose sur des onomatopées ce qui sied parfaitement aux images. Grosse peur met en scène des monstres et des sorcières, bref, la peur.
Pennac Daniel, Les Dix Droits du lecteur, pop-up de Gérard Lo Monaco, Gallimard jeunesse, 2012, 40 p. 19€90
La liste imprescriptible des droits du lecteur et de a lectrice, que l’on doit à Daniel Pennac, se trouve réactualisée par l’interprétation en pop-up de Gérard Lo Monaco. Ce designer papier, décorateur au théâtre, marionnettiste, graphiste et même éditeur, a choisi d’abord la couleur et un graphisme enfantin aux motifs eux aussi enfantins pour évoquer des œuvres patrimoniales de la littérature mondiale. Au droit de ne pas lire, Lo Monaco oppose le droit de jouer ; au droit de sauter des pages l’évocation de contes ; au droit de ne pas finir un livre Robinson Crusoé de Defoe ; au droit de relire, Le livre de la jungle de Kipling ; au droit de lire n’importe quoi, Shakespeare, Goethe, le théâtre en général ; au droit au bovarysme, des histoires animalières ; au droit de lire n’importe où, l’univers de la fête foraine à moins que ce soit Pierrot mon ami de Queneau ; au droit de grappiller, l’art du cirque ; au droit de lire à haute voix, Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne, au droit de se taire, rien. Cette énumération suffit à montrer qu’il n’y a pas de correspondance à proprement dit et que l’interprétation de Lo Monaco n’aidera guère le lecteur. On est dans une fonction d’illustration divertissante sans propos particulier. C’est un peu dommage, car la facture éditoriale est attirante, le livre objet tentant à saisir.
Geneste Philippe