Anachroniques

29/04/2012

Explorations, explorateurs … exploratrices ?

Wilkinson Philip, Les Explorateurs, traduit de l’anglais par Marie-Claire Seewald, Rouge et Or, collection tout un monde, 2012, 64 p. 9€
Cet ouvrage est éditorialement attractif avec un prix bas pour un si grand format (24x30,5 cm), ce qui est à relever. Il s’adresse aux enfants de 8/9 à 11 ans. Le texte est ainsi adapté à ce public. Le danger pour l’auteur est de risquer l’inexactitude par raccourcis dans la présentation des découvertes. Ainsi, sur Darwin, Wilkinson qui le traite, avec justesse dans un chapitre « Exploration et science », présente la théorie de l’évolution biologique de Darwin comme celle de « la variabilité des espèces expliquée par le milieu ». Une telle affirmation ne permet pas de comprendre la divergence entre Lamarck et Darwin, car elle ne souligne pas les processus d’adaptation des organismes au milieu.
Sinon, l’organisation du livre qui répartit équitablement l’écriture entre chapitres historiques et rapport de la science aux travaux des explorateurs est très intéressante. C’est aussi un point de vue intéressant puisqu’il quitte le domaine du destin individuel pour comprendre l’exploration de la terre au sens scientifique. Par ailleurs, l’ouvrage couvre une large période de l’Antiquité à nos jours.

Pouget Anne, Docu BD. C’est leur histoire. Les Explorateurs, illustrateur, Vincent Dutrait, Casterman, 2012, 96 p. 14€95
Le livre se divise en six chapitres : Marco Polo, Magellan, Cook, Lewis & Clark, Livingstone, Roald Amundsen. Chaque chapitre commence par un court repérage historique suivi du récit en six pages de la découverte principale de l’explorateur ; puis vient l’approfondissement d’un épisode notoire de cette exploration en bande dessinée (quatre pages) et se clôt par deux pages de brèves informations autour des découvertes et de l‘histoire de l’époque traitée. Destiné aux 9/12 ans, le livre est parfaitement adapté. Le parti pris de traiter un épisode en particulier de la découverte permet d’entrer plus intensément dans la problématique historique.

Mundy Robyn & Rigby Nigel, Les Grands Aventuriers des mers, Flammarion, 2012, 64 p. 16€
Le livre de grand format (25 x 29,5) évoque cinq explorateurs : Magellan, Cook, Shakelton, Heyerdahl et Chichester avec pour chacun une quinzaine de pages dont certaines se déplient en poster. Sont donc évoqués, le Pacifique, l’Antarctique, la Polynésie, le tour du monde en solitaire. Cent soixante-quinze documents visuels nous font découvrir les lieux et les espaces des découvertes ou explorations. Une cartographie permet au lecteur de se situer. Le texte, volontiers narratif évoque le contexte historique. C’est un livre, qui de part sa configuration s’adresse plutôt aux 10/13 ans.

Ces trois ouvrages, par leurs approches différentes, ne font pas doublon. Ils se complètent, notamment sur la question de la découverte des pôles. On regrettera, toutefois, l’absence totale de femmes exploratrices. Pour les amoureux de la thématique des explorations, nous ajouterons un ancien ouvrage, toujours disponible, de Dominique Lanni, Explorateurs du XVIIIème siècle, illustrations de Christian Heinrich, Gallimard jeunesse, collection Sur les traces de…, 2007, 126 p. 19€90 qui présente J-B Labat (Antilles), La Condamine (Amazonie), Chappe d’Auteroche (Sibérie), , Bougainville (Tahiti), Cook (et Le Pacifique), Hodges (l’Île de Pâques), La Pérouse, La Billardière (parti à la recherche de La Pérouse), Mungo Park (au cœur de l’Afrique), Humboldt (Les Amériques).
Philippe Geneste

22/04/2012

Florilège du quotidien

CM1 A et B, école Bouvines Paris11e avec Emilie Ducouret et Annie Rezgui professeurs des écoles, Comme c’est bien !, préface de Philippe Delerm, illustrations des auteurs, Paris, L’Harmattan, 2012, 123 p. 11€50


L’ouvrage rassemble les textes d’élèves de deux classes de CM2 et les illustrations réalisées en regard. Le point de départ en a été l’étude du livre pour enfant de Delerm, publié chez Milan alors que l’auteur n’avait pas encore connu le succès marchand : C’est bien. Dès lors, le titre publié par les élèves de CM1s’éclaire : écrire comme C’est bien qui a été lu et analysé.
Chaque histoire d’élève fait une demi-page et nous conte, à la manière de Delerm, un rien de la vie, un instantané, un rappel de mémoire suscité par une expérience présente. On a un éventail, qu’il serait intéressant d’analyser avec d’autres classes du cycle 3, à qui serait proposée la lecture de l’ouvrage chroniqué. Il y a, là, en prolongement possible, en quelque sorte, une entrée dans une réflexion, voire dans l’écriture, sur la vie et sur le quotidien des enfants de 8 à 11ans. Si la littérature écrite par la jeunesse était prise au sérieux, il ne fait pas de doute que Comme c’est bien ! serait proposé en lecture dans les classes
Le livre est organisé en secteurs de tranches de vie : la maison (deux textes), le jeu (six textes), les animaux (trois textes), l’école (six textes), le sport (douze textes), la musique (deux textes), les sorties (sept textes), les fêtes (quatre textes), les vacances (huit textes), le rêve (trois textes), la nuit (quatre textes). A cette énumération, on peut voir la prégnance des loisirs promus par les institutions sociales. C’est déjà une première piste de critique sociale qu’offre le livre et qu’il faudrait croiser, avec d’autres expériences de ce type, pour connaître l’impact exact de l’ordre social sur les mentalités enfantines.
La lecture des textes ouvre, elle, au dialogue sur ce qui y est écrit. Il y a, ici, une richesse véritable surtout que, même si les textes ont fait l’objet comme tout texte destiné à publication, à une relecture, ici d’adulte, ils ont conservé leur teneur et, me semble-t-il, dans le respect de ce que les élèves ont produit.
Le modèle choisi, le livre de Delerm, explique que tous les textes soient des textes euphoriques. Ce n’est pas là une critique. Il est évident qu’en variant les consignes –dont, en annexe, le livre nous indique la trame dans lesquelles elles s’inscrivent– la tonalité des textes pourrait varier. En tout cas, le livre des CM1 et 2 de l’école Bouvines prouve que les élèves portent un matériau brut de création de belle richesse qui, s’il trouve les modalités de la rencontre d’un lectorat élargi, pourrait apprendre à la société à regarder l’enfance dans sa réalité et approcher, ainsi, sa sensibilité sans passer par le prisme des sciences humaines très réductrices car, en général, adultocentrées.

Comme c’est bien ! est une belle initiative à faire entrer dans toutes les bibliothèques d’écoles et CDI de collèges.

Geneste Philippe

15/04/2012

Du pacifisme dans la littérature pour la jeunesse

Langlois, Denis, Le Déplacé, éditions de l’aube, 2011, 253 p. 16€50
Connu, entre autres, pour Les Dossiers noirs de la police française (Le Seuil, 1971), L’Affaire Seznec (Plon, 1988), Slogans pour les prochaines révolutions (Le Seuil, 2008), Denis Langlois signe là un roman passionnant où l’actualité nourrit la vie des personnages, où la fiction transporte du Liban la problématique des réfugiés.
Le récit est écrit à la première personne. Et il est vrai qu’il se présente comme une autobiographie parcellaire, le narrateur évoquant la mort de son père. Mais par la suite, on entre dans une fiction qui va mener le personnage principal au Liban à la demande d’une mère qui recherche son fils. Là s’arrête l’autobiographie et s’ouvre un récit d’enquête. Le héros du livre est donc un absent, Elia Kassem qui a disparu au cours de la guerre du Liban lors des affrontements entre Druzes et chrétiens au début des années 1980. Kassem était un pacifiste convaincu, enseignant. Il refusait le port des armes et pour cela a subi la haine du camp chrétien de son village :
« Les hommes (…) qui racontaient leurs exploits. Kassem ne participait pas à la discussion. Il n’en avait pas envie. Chaque fois qu’il ouvrait la bouche, quelqu’un disait : “Ah ! toi, ça va, le pacifiste ! ça va, le dégonflé !” » (p.69).
Kassem pensait, lui, que
« la vengeance ne servait à rien, que c’était un sentiment négatif qui ne pouvait pas aider un être humain à se reconstruire. Les vivants ne devaient pas être au service des morts » (p.55).
Sa famille a été massacrée, et il traîne une culpabilité qui fait l’objet de l’intrigue sans que s’en aperçoive immédiatement le lecteur. Kassem a été déplacé, puis on a perdu sa trace alors que sa mère s’exilait en France :
« Est-il d’ailleurs indispensable pour un déplacé de se mouvoir ? La question est stupide, mais pas si stupide que cela. On peut être déplacé dans sa tête. Ne pas se sentir bien où l’on se trouve, ne plus savoir quelle est sa véritable place. Un déplacé, c’est quelqu’un qui a perdu sa place. Quelqu’un qui cherche à retourner à la case départ, mais on ne retrouve jamais la case départ dans l’état où on l’a quittée. Non seulement on ne reconnaît pas les lieux, mais on ne se reconnaît pas soi-même. Il faudrait pouvoir emporter sa case départ sur le dos, comme un sac de camping, mais par définition la case départ ne part pas. Elle reste là, en regardant le dos des partants. Quand ils reviennent, elle ne les reconnaît pas, elle ne les a jamais vus. Personne d’ailleurs ne les reconnaît. On ne sait pas quel nom leur donner. Les retournants ? Les revenants ? » (pp.237/238).
Le livre nous parle donc de l’impossibilité de revivre lorsque le regard ne se tourne que vers le passé, vers les paysages abandonnés, les êtres chers perdus. Le livre interroge cette part sclérosante de la mémoire, sa force de pétrification et il en fouille les ressorts. Ce figement est une fuite immobile de soi-même, de ses illusions :
« Là, il n’y a pas de remède. Je peux partir aussi loin que je veux, je me retrouverai toujours en travers du chemin. Je m’emmène dans mes bagages. Quand je les déballe, je constate que je suis là. Je me quitte, mais au débarcadère du bateau, au pied de la passerelle de l’avion, la première personne qui m’accueille, c’est moi ». (p.89/90)
« Bref, aucune solution. La fuite ne sert à rien. Je peux tourner la page, mais non déchirer le livre ». (p.90)
Ce qui convainc, c’est le non machiavélisme du regard du narrateur. Ainsi, cette femme qui a connu Kassem :
« Les non-dits, c’est le plus lourd à porter. Non seulement pour les victimes, mais pour les coupables. Ils croisent dans la rue ceux dont ils ont massacré la famille ou pillé la maison. Ils ont peur. Ils ont besoin d’un pardon. Les autres, ceux qui se sont comportés humainement, ont besoin de reconnaissance. Le silence fait que tout le monde est solidaire, et l’on oublie que de nombreux Druzes ou chrétiens n’étaient pas d’accord. Certains ont même risqué leur vie pour s’opposer aux massacres. En général, le héros, c’est le guerrier qui triomphe de l’ennemi. Il faut réhabiliter, ou plutôt habiliter, celui qui sauve la vie de ceux que l’on considère à tort comme des ennemis. » (p.138).
Cette posture peut, parfois, irriter quand elle flirte avec la neutralité. Mais ce que montre le roman, c’est la perversité de la guerre :
« Beaucoup s’en mettaient plein les poches. Les taxes, les amendes, les péages, les dessous-de-table. La guerre c’est aussi du commerce ! Lui, Elias, il ne touchait à rien » (p.101).
Et de ce fait, ce que montre aussi Le Déplacé, c’est que l’attitude du refus est un engagement. :
« C’est quoi la bravoure ? C’est quoi la peur ? Elias, lui, il ne voulait pas se battre, il ne voulait pas prendre parti dans la boucherie. Mais en dehors de cela, il ne manquait pas de courage » (p. 100).
On pense alors, dans ces pages-ci, au grand roman du romancier catalan Ludovic Massé, Le Refus, écrit en mars 1945 et qui tient « dans cette affirmation du personnage principal : “qu’en une telle époque, il n’y avait de générosité, de dignité et de liberté que dans le refus” » (1). Le roman de Denis Langlois n’épouse pas totalement le ton du roman de Ludovic Massé. Elias Kassem traîne une blessure de tristesse purulente de lâcheté, non pas face à la guerre, mais face à un drame intime né de la guerre, où s’enracine ce sentiment de culpabilité qui pèse sur la narration au fur et à mesure que l’on avance dans le récit. La fin du livre présente une allégorie : c’est une petite fille aux yeux mauves assise en haut de l’escalier de la maison d’Elias Kassem où se rend le narrateur. La petite fille tend au narrateur une enveloppe blanche laissée pour lui par Elias Kassem qui n’est pas là et elle lui tend aussi « un minuscule fruit rouge de grenadier ». N’est-ce pas une promesse de rencontrer les vivants, le signe d’aller à la rencontre du vivant, de soi vivant, ce qui ramène à l’interrogation du tout début du livre.



(1) Ludovic Massé, « Avertissement au lecteur », Le Refus, Vinça, Le Chiendent, 1985, pp.7/8

Jean-Albert Mazaud, Récolte la Tempête, Milan, collection Macadam, 2012, 103 p. 9€90
Lieu ? Quelque part en Afrique, mais sans identification absolue. Personnages : un enfant soldat. Trame : un garçon enrôlé de force dans l’armée d’une guerre civile suite au massacre de son village, refuse de violer une victime d’un autre village anéanti par la dite armée. Désobéissant, il choisit, alors, pour son salut, la fuite en emmenant la femme dans son défi à l’ordre moral guerrier. Autant significatif quant à la condition de la femme par temps de guerre, de toute guerre en toute contrée, le roman scrute la conscience de cet adolescent en rupture, écœuré de lui-même autant que du monde, hanté par les fantômes des tueries auxquelles il a déjà participé. Ici, c’est par l’auto-organisation de femmes victimes des rapts, des viols, en fuite, réunies à l’intérieur d’une forteresse abandonnée au milieu d’un lieu désertique, que se reconstruit l’humanisation d’un monde échoué. Cette oasis est un espace de paix et c’est donc dans la paix que les corps, les cœurs, meurtris peuvent se redresser et commencer un chemin vers la conquête de la dignité humaine qui est aux antipodes de ce que l’idéologie guerrière nomme le courage.
La narration de Mazaud évite les ornières de ce genre de roman historique traitant de la haine et de l’exaction des guerres. Sans entrer dans l’exhibitionnisme de l’horreur, les choses sont nommées, et la conscience adolescente scrutée en ce qu’elle est effectivement capable de réaliser comme représentation du monde. Récolte la Tempête est un roman sur la peur. Mais alors que dans le récit d’horreur, la peur est un moteur pour l’intrigue, un élément du plaisir de la lecture, ici, la peur est pointée comme manifestation de l’humanité et notamment de ce sentiment de sym-pathie grâce auquel, dans l’évolution des espèces, l’humain a conquis sa survie et sa place dans la nature.
Si la question des interventions humanitaires est traitée avec peu de jugement critique, elle est néanmoins présente et on le voit, avec un regard qui pointe les limites de ces interventions extérieures qui surfent sur les conflits plus qu’elles ne peuvent les innerver de par la radicale extériorité des préoccupations qui les anime et qui fondent leur financement. On peut même penser que le roman, sciemment ou non, porte un message inverse à celui de ces organisations. Il ne s’agit pas de charité ni d’aide. Non ; il s’agit de rappeler au cœur des actes de chacun et chacune un sentiment enfoui de solidarité, de nécessité du rapport à l’autre sans lequel l’individu ne se construit pas. C’est là, peut-être, un peu extrapoler par rapport au livre. Toutefois, si on considère la concomitance de la lente libération par le garçon des entraves de sa peur, et son hébergement par la communauté des femmes, alors, notre propos est confirmé.
Lorsqu’à la fin du récit la paix entre les fractions opposées est proclamée, la question de la manière dont peut être surmontée la haine engendrée par la guerre qui s’en nourrit et qui la nourrit, est particulièrement bien posée. C’est aussi un des thèmes du livre de Denis Langlois, Le Déplacé.
En même temps, le roman est un éloge du conte, de la littérature et du livre, grâce à l’histoire de l’enfance du garçon. Mais là encore, Mazaud ne fait pas dans le didactisme et cette thématique entre dans l’histoire sans effraction. Elle permet de constituer au fil des pages la psychologie du personnage central.
Dans une production littéraire pour la jeunesse marquée par les dérivées de l’heroïc fantasy qui emprunte souvent à la thématique guerrière pour constituer des récits d’apprentissage, il est réconfortant de lire l’ouvrage de Mazaud : un livre qui parie sur la réflexion du jeune lectorat, qui n’entre dans aucune des voies stéréotypées actuelles du traitement de l’actualité des religions, de la femme, des minorités et de l’oppression ethnique.



Geneste Philippe

08/04/2012

En partance d'usine

Levaray Jean-Pierre, C’est quoi ce travail ?, illustrations de David Rebaud, éditions Chant d’orties, collection graines d’orties, 2012, 29 p. 7€
Jean-Pierre Levaray est un écrivain prolétaire qui connaît une certaine reconnaissance depuis la parution de son récit Putain d’usine. A notre connaissance, c’est la première fois qu’il publie un ouvrage en direction de la jeunesse.
Comme presque toujours en littérature prolétarienne, le récit emprunte à l’expérience du travail de l’auteur pour ancrer l’histoire et la fiction qui la porte. Ici, c’est un quartier ouvrier d’une ville, situé à proximité d’une usine que tout désigne comme usine chimique classée Sévéso, comme celle où travaille Levaray.
La petite fille, Annabelle, héroïne de l’histoire, fait vivre cette usine depuis son regard d’enfant : les trois huit du père, la fatigue des parents au retour du travail, des parents qui se croisent souvent à cause de leurs horaires, le silence qui entoure ce travail, les hautes cheminées, les lumières, les fumées, les alertes qui font trembler les murs de la maison, les bâtiments industriels qui se muent en paquebots fantômes, en monstre des nuits du temps, voilà ce qui porte le fil chronologique d’une narration à la première personne.
Le père sera licencié et l’enfant décrira la lutte pour le maintien de l’emploi : « Je ne comprenais pas que lui, qui semblait ne pas aimer son travail, qui semblait même en souffrir certains jours, veuille se battre pour le garder. C’est quoi ce travail ? ». Elle dira, depuis ce qu’elle en comprend, la grève.
Les illustrations en noir et blanc de David Rebaud collent à l’histoire avec intelligence, mariant réalisme, fantastique et trait quasi naïf pour l’ultime image du livre.

Philippe Geneste

01/04/2012

Les éditions Les Carnets du Dessert de Lune

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur vos éditions?
- Les Carnets du Dessert de Lune ont vu le jour en 1995, pour donner une suite aux ouvrages des éditions L'Horizon Vertical qu'animait Antonello Palumbo, un ami décédé inopinément. Au départ, il s'agissait de publier ce qui était en prévu sans projet de continuer. Cela fait 17 ans que ça dure et, de la poésie, aux textes courts, en passant par le roman, les ouvrages illustrés et récemment les livres pour la jeunesse, les éditions continuent leur petit bonhomme de chemin en toute indépendance.

Quelle place y tient la littérature de jeunesse?
- Elle y tient une place modeste. Le projet étant de ne publier qu'un ou deux ouvrages par an.


Vous êtes un éditeur belge. Comment caractériseriez-vous la littérature de Belgique destinée à la jeunesse ?
- Elle a comme la littérature jeunesse d'autres pays, ses maisons d'éditions connues et d'autres plus modestes, ses auteurs et illustrateurs de référence. Je ne la connais pas suffisamment mais, comme dans la littérature adulte ou le cinéma belge, il y a, du point de vue graphiste ou de la façon de raconter une histoire, ce petit quelque chose d'indéfinissable qui rend l'imaginaire différent.

Avec Vole Vole Vole (1) vous publiez un ouvrage de poésie, ce qui reste peu fréquent dans le secteur de la jeunesse. Est-ce un choix éditorial qui s'inscrit dans une perspective spécifique à la jeunesse?
- Oui. L'envie est de trouver un équilibre entre la poésie pour adultes et les comptines pour enfant, sans tomber dans la mièvrerie ou la fausse simplicité comme c'est trop souvent le cas dans ce domaine. L'équilibre n'est pas facile à trouver.

Entretien réalisé en février 2012 par Philippe Geneste


(1) Pour la chronique du livre, voir le blog du 5 février 2012 "Brièvetés".