Anachroniques

13/02/2011

Du Vent

Herbauts, Anne, De Quelle couleur est le vent ?, Casterman, 2011, 46 p. 19€50
C’est un album né, nous dit l’illustratrice auteure, de la question qui lui fut faite par un enfant aveugle. Il ne faut pas lire l’album, comme on lit, en général. Il faut interroger chaque double page et s’inviter à la rêverie. C’est ainsi que nous avons procédé à la commission Lisez jeunesse pour le pus grand bonheur des adultes qui l’animèrent et des enfants qui l’éprouvèrent.

Car, le vent est blanc quand les jours blancs
s’allient avec les lettres remplies de vent de l’espace qui nous entoure.

A moins que ce soit la couleur
que l’on veut et que l’on choisit
sur l’arc-en-ciel
ou encore
la couleur que l’on touche.

Parce que le vent
est de la couleur de notre imagination
transparente à tout le réel réuni.

Le vent passe,
trop vite
pour qu’on le voit,
c’est pour cela, pour faire un arrêt
sur image,
pour le repasser au ralenti qu’on l’imagine.

L’imagination nous donne sa couleur
parce que l’imagination prend le temps
de regarder au fond de nous comment est le monde.

Le vent défie nos yeux,
l’imagination défie le vent
le vent défie le temps,
l’imagination lui redonne tout son empire.

Le vent est transparent
et par cela se pare
de toutes les couleurs,

le vent est caméléon.
Il a la couleur de la poussière
parce qu’il la soulève parfois.

Le vent a la couleur des feuilles
qui frissonnent,
vertes en pleine vie, marron en fin de vie ;
il a la couleur de l’invisible et du doux,
de la caresse et du désir.

Il est couleur farfelue.

Le vent est ce qu’il transporte,
il est le souffle multicolore,
tel qu’on le sent sur sa peau durant sa vie.

La couleur du vent est invisible
parce qu’il a la couleur de nos pensées.
Couleur de la nuit,
couleur de la vie,
tu es couleur du vent.

Le vent c’est nos cheveux emportés pour peindre les nuages du ciel.
Geneste Philippe

06/02/2011

Biographies

Jusseaux Patrick, Léonard de Vinci, illustré par Prunier Jame’s, Gallimard jeunesse, collection Sur les traces de, 2008, 7€50 dès 12 ans
La biographie montre que Léonard refusa d’être un grand peintre, pour préférer la recherche de celle de créateur. Elle met l’accent sur l’importance des carnets de Léonard où les mots et les dessins, les ébauches s’entrecroisent. Les carnets d’images qui illustrent la biographie, laissent rêver l’imaginaire de chacun devant des figures improbables, des compositions géométriques qui captivent tout en nous laissant dans l’indécision de leur sens et qui vont si souvent vers le poétique. La vie n’est pas celle du seul âpre travail persévérant, c’est aussi celle de l’apprentissage des plaisirs, de la connaissance des autres, de la découverte des relations économiques qui unissent les hommes de gré ou non.
La biographie de Patrick Jusseaux laisse percevoir le créateur scientifique autant que le peintre. Les extravagances sont rapportées mais pas pour faire de Léonard un génie hors de son temps, non juste pour rappeler son jeune âge, puis sa fougue et sa curiosité à l’égard des savoirs. En effet, Leonard de Vinci va conserver cet élan créateur jusqu’à la fin de sa vie.
Surtout, cette biographie, romancée, car le récit sied mieux à la biographie lorsqu’elle s’adresse aux enfants, illustre, à plusieurs reprises, le principe clé de Léonard de Vinci : « Savoir, c’est savoir voir ». Dans un article érudit, Georges Raillard s’interrogeait : « Où allaient les regards de Léonard ? Où les suivre ? » (La Quinzaine littéraire n°857 du1-15 juillet 2003 p.14).
Le livre de Jusseaux met l’accent sur le contexte historique et sur l’environnement familial de Léonard de Vinci, évitant ainsi d’en faire l’enfant prodige que bien des récits pour enfants en ont fait au mépris de la réalité.
Cet itinéraire, on le retrouve aisément dans le livre de Marion Augustin, Isabelle Bénistant et Clémence Mathieu, Léonard de Vinci, génial inventeur, Milan, 2010, 48 p. + CD, 19€. L’anatomiste, le costumier, l’ingénieur, le protégé des puissants du monde, la famille Sforza, notamment, employé par le pape Léon X puis protégé par François Ier, le géographe urbaniste, l’inventeur de l’ancêtre de l’hélicoptère, le concepteur de machines de guerre, une foule de détails et d'informations sont livrées au jeune lectorat.
Geneste Philippe

Thierry Aprile, Antoine Ronzon, Sur les traces de ...Louis XIV, Gallimard Jeunesse, collection Sur les traces de…, 2009, 7€50, 128 pages. , dès 7ans
Ce court ouvrage sur le Roi-Soleil, destiné à la jeunesse, combine les aspects naturels du texte historique et du récit sans pour autant sombrer dans la fiction du roman historique. Basé sur les répliques, le lecteur est plongé dans la vie royale, du sacre à l'hiver du grand roi en passant par Versailles et la guerre de succession d'Espagne. Ecrit à la troisième personne, cet ouvrage détaillé, illustré et pourvu de fiches pratiques, représente un bon outil dans l'éveil historique du jeune lecteur. L'ouvrage s'inscrit bien dans le modèle de sa collection dont les mérites historiques sont à remarquer. L'objectivité de l'historien est également à souligner.
Enzo Godinot


J.M. Dequeker-Fergon, James Prunier, Sur les traces de ... Napoléon , Gallimard Jeunesse, collection Sur les traces de…, 2009, 127 pages, 7€50. Dès 8 ans
Dans ce court roman empruntant la forme narrative à la première personne, l'auteur nous livre un récit de la vie héroïque de Napoléon Bonaparte à travers le conte d'un vieux grognard, Hector Fergon. Cet ouvrage a de nombreux défauts. L'auteur évoque plus l'enfance de l'empereur que son règne dont il ne choisit que les périodes servant son propos. C’est là un défaut où la vérité historique se perd dans la volonté polémique. On note, aussi, quelques mauvaises transcriptions dans les discours et une faute historique grave sur Joséphine.
Malgré ces réserves, il faut souligner que l'ouvrage atteint un niveau rarement constaté dans la littérature de jeunesse : les dates des événements sont précisées, de riches lexiques éclairent le lecteur, chaque chapitre est suivi d'une fiche explicative et chaque nom de personnage historique, d'une brève biographie. Le tout est illustré par une magnifique iconographie.

Enzo Godinot